Le soleil éclairait déjà ma tanière depuis un petit moment, mais je ne me levais pas. L’envie m’en manquait. Je préférais rester tranquillement, allongée dans ma tanière, dans un silence apaisant. Bien que ce ne soit pas dans les occupations d’un chef. Je me devais d’être plus raisonnable. Je me levais et m’étirais de tout mon long. Après avoir entrepris une toilette pour me débarrasser d’un pelage peu saillant. Une fois fait, je sortais de l’ombre de la tanière et je laissais le soleil recouvrir chaque parcelle de mon corps. Savourant cette chaleur qui m’entourait, je me décidais à aller voir Venin Aphrodisiaque. Il était le seul guerrier qui soit encore dans le camp à monter la garde. Les autres devaient être partis faire une patrouille ou bien une chasse. Je les avais loupé par flemmardise… Quelle meneuse dit donc… « Dis moi, qu’est ce que tu fais en plein soleil ? Je sais que tu montes la garde, mais ce n’est pas la peine de rester sous ce soleil. » Je lui offrais un sourire. Il me le rendit, puis se plaça sous la colline à l’ombre avec une pleine vision du camp. Je me dirigeais maintenant vers la pouponnière. Des enfants jouaient un peu trop violemment à mon goût. Je me rapprochais d’eux et m’affichait un air faussement en colère sur le visage. « Pas de bagarre voyons ! Jouez entre vous, mais ne vous battez pas ! » Je fis une pichenette du bout de la queue sur le museau d’un chaton puis tournais les talons après qu’il ait éclaté de rire.

J’allais m’installer sur la colline. Je me couchais, la tête posée sur mes pattes. Je fermais les yeux et laissais le gazouillement des oiseaux remplir doucement mes oreilles. Je me demandais ce que faisait la meneuse du clan des Nuages. Elle me manquait terriblement. La dernière fois que je l’avais vu, c’était lors de la réunion que nous avions fais entre chef. Disons que ça m’avait refroidis. J’avais bien sentis les regards sur moi et je savais que les autres meneuses regrettaient Etoile du Dragon. Certes, je n’avais pas encore fait mes preuves, mais je sentais qu’on ne me laissait pas ma chance. On ne me l’avait pas dit, mais je le sentais. Par moment l’envie me prenait de me cacher six pieds sous terre. Au calme. Et surtout là ou personne ne me retrouverait. Je soupirais un bon coup, et fermais les yeux pour de bon. Peut être que m’assoupir un moment pourrait me rendre plus joyeuse. « Courage. » Je me disais ça à moi-même pour être sure de bien me réveiller et de ne pas tenter d’y rester. En ce moment, j’en serais bien capable. C’est horrible de dire ça. Mais j’y pense de plus en plus. 

Je sentis une douce odeur. Celle qui était toujours là pour moi. Elle caressa longuement mon museau jusqu’à ce que je sente que celle-ci soit juste à côté de moi. La douce chaleur du corps de mon compagnon me fait émettre un petit ronronnement de plaisir. Surtout quand tu sentis une petite léchouille sur ton oreille. Tu te sentais plus apaisée. C’est fou comme sa présence pouvait te réconforter si vite. Je sais toujours qu’il sera là pour moi et je m’en veux d’avoir pensée une seule seconde que si je partais, personne ne me regretterait. Je savais que je pouvais tout lui confier, tout lui avouer. « Tu veux en parler ? » Sa voix aussi audible qu’un murmure. Il savait bien qu’en ce moment, ça n’allait pas. Il le savait toujours. Je n’avais jamais rien pu lui cacher. Il me connaissait déjà tellement bien. Je plaçais ma tête sur pattes, les yeux toujours clos. Je voulais tellement lui parler mais j’avais un peu peur qu’il en ait marre que je sois toujours en train de me lamenter ces derniers temps. Il en aurait peut être marre. Néanmoins, je voulais toujours lui parler. Cette aura qui l’entourait, celle si douce qui me donnait toujours confiance en moi. « Oui. » J’ai répondu doucement d’une voix aussi basse que la sienne.

 

Je prends une grande inspiration et expire un bon coup. Je laissais mes narines s’emplirent du parfum de Quintessence du Rêve, puis je me lançais. « J’ai vraiment l’impression qu’on ne me donne pas ma chance. » Cette phrase résumait toutes mes pensées. C’était exactement le résumé de tout. Cependant, je pense qu’il fallait que je lui dise toute la vérité. Il n’allait pas pouvoir m’aider si je laissais un miracle planer. « Les autres chefs regrettent Etoile du Dragon. Je le sens bien et je me sens de trop. Ils auraient peut être préférés que ce soit Champs des Blizzards au lieu de moi. » Qu’est ce que j’en avais assez de me plaindre. J’en avais assez qu’on me considère comme une faible. Qu’on ne me fasse pas confiance, qu’on croit que je ne suis pas à ma place. Cependant, je ne peux pas leur en vouloir, puisque moi-même je n’ai pas confiance en moi. C’est mal ? Je ne voulais pas continuer. Je lui fis une léchouille sur l’une de ses pattes et lui demanda. « Et toi ? Tout va bien pour le moment ? » Je fis un petit sourire et ouvris les yeux pour regarder le clan. Tout allait bien pour l’instant. J’allais encore pouvoir profiter de cet instant encore et encore. J’aurais peut être pu rester ici pour toujours avec Quintessence du Rêve.