“ SAUT DE L'ANGE & NUAGE DE FRÊNE
BAPTÊME ”

« Le début ne laisse pas présager la fin. »

Alors c'est ça, grandir. Passer d'un cap à un autre. Sans rien de très spécial enfaite. Jusqu'à présent je ne pensais absolument pas comme ça. Au contraire je me disais que pour grandir, pour prouver que l'on n'est plus qu'un petit chaton, il fallait accomplir un acte de bravoure, quelque chose de glorieux, d’inoubliable. Mais non. C'est simplement dut à l'âge et pas à ce que l'on vaut. Alors qui sait, si ça se trouve je n'ai pas la trempe du grade que l'on m'a attribué. Si ça se trouve je n'ai rien que quelqu'un de fort. Si ça se trouve je .. Je suis faible. Non, non. Ce n'est pas possible, je sais que je ne suis pas faible. Je vaux bien mieux que ce que je pourrais laisser croire. Au contraire. Je suis puissant. Je suis fort. J'en suis persuadé, convaincu. Alors je vais leur montrer, à tous. Oui ils pourront voir ce que vaut. Ils verront, oh oui. J'en frémit d'avance.
Et tous les traîtres, tous les méchants, tous les bannis, les meurtriers viendront se trainer à mes pattes, implorant mon pardon. Oh oui, ils trembleront comme des feuilles, comme des lâches rien qu'à la mention de mon simple nom.
Ils verront.

ര ര ര

C'est un jour que je n'oublierai jamais. Il faisait beau et quelques nuages solitaires se promenaient dans l'azur bleuté de midi. C'était un ciel banal, je sais, mais c'est sans doute pour cela qu'il restera toujours là, dans un coin de ma tête. L'air sentait merveilleusement bon ; un petit parfum de fleurs sauvages mêlées à celle de mes camarades de clan.
Lorsque je sorti de la pouponnière, pour ne plus jamais y revenir en tant que chaton, je me senti bien, reposé, calme. Tout en moi respirait le contentement. Bien sûr, comme tous les jeunes félins qui allaient être promus apprentis, j'étais aussi plein d’appréhension de d’excitation et malgré mon poil lissé et brillant chaque parcelle de mon corps bouillonnait littéralement, tel un feu silencieux et intérieur qui rongeait lentement mais sûrement mon frein.

« Que tous les chats du Clan se rassemblent au pied du promontoire pour une Assemblée du Clan. »

Elle avait parlé, ce fut exécuté. Elle, Étoile Égalitaire, ma meneuse et donc mon supérieur hiérarchiquement parlant, elle ; chef du Clan des Océans.
Je m'avançais, rayonnant, fier et plein d'orgueil. Mon ascension avait entamé sa course folle désormais. J'avais passé la première étape de ma vie. À chaque pas qui me rapprochais de ma meneuse je me rengorgeais un peu plus. À chaque foulée je me sentais un peu plus grand, un peu plus fort, un peu plus important encore. Sans doute n'était - ce qu'illusions mais en ce moment même rien n'aurait pus m'atteindre. Même pas l’absence enthousiasme d’Étoile Égalitaire.

« Aujourd'hui, Petit Frêne, tu as six lunes. Promets-tu de respecter le code du guerrier et de respecter ton mentor ? »

J'hochai frénétiquement la tête de bas en haut. Les mots me manquaient et même prononcer ce simple « oui » me parut impossible. Pendant les quelques secondes où la chatte me contempla mes pensées s'envolèrent bien plus loin que quiconque aurait pus l’imaginer. Je savait que mon mentor s'appelait Saut de l'Ange, que c'était un mâle - aussi cela aurait été étrange de nommer une femelle ainsi - et qu'il avait une robe mi longue avec d'étranges reflets roux. Du moins c'est ce que l'ont m'avait laissé entendre. Je ne l'avais jamais vraiment vu, n'avais prit le temps de le voir ou alors n'en avait aucun souvenir car l'image que l'on m'avait décrite ne me parlait aucunement.
Laissant divaguer ma pensée bien plus loin que le territoire de mon clan, je me voyais déjà au plus haut : nommé lieutenant. Puis chef. Étoile du Frêne. Il fallait avouer que ça sonnait bien à mes oreilles. Magnifiquement bien même.

« Tu te nommes désormais Nuage de Frêne, ton mentor est Saut de l'Ange. »

Les félicitations fusèrent et un frisson de délectation me parcourut du bout du nez à l'extrémité de la queue.
Apprenti. C'était fait. J'y étais. Enfin. Longtemps j'avais cru que le moment n'arriverait jamais et voilà qu'on y était. Rien en l'instant présent n'aurait pus décrire ce que je ressentais. C'était un rêve qui se réalisait enfin.
Et une histoire, que j'espérais longue et passionnante, qui ne faisait que commencer.