Je n’avais pas compris ce que je foutais là. Partout où je posais mes prunelles de jade tout ce que je voyais n’était que violence. Je n’aimais pas ça. Je n’avais jamais aimé ça. Tout ces gens qui se tapaient dessus pour un oui pour un non, ça me dépassait. Si j’avais pu je serais partit, parce que, franchement, je manquais de sommeil. Mais le fait est qu’on ne m’avait pas laissé le choix. Étoile Funèbre avait déclaré que c’était la guerre, et je n’avais pas eu le temps de protester qu’on faisait déjà les préparatifs. Et maintenant j’étais sur place, sur le champ de bataille. J’esquivais tant bien que mal les coups de griffes et de crocs acharnés de la furie en face de moi. Ce chat avait vraiment la rage de vaincre, et j’avais du mal à riposter. Ca devait faire un bon quart d’heure que je menais une lutte incertaine avec ce maboule, j’avais réussit à lui infliger quelques blessures, mais pas assez pour le faire déguerpir apparemment. Mon épaule me tiraillait depuis un moment, et une plaie sur le sourcil droit m’aveuglait avec tout ce sang qui me dégoulinait dessus. J’avais mal partout et je commençais à me demander quand est-ce que ça allait finir. Roulant sur le côté, mordant son cou, griffant son ventre, je me débattais comme un beau diable. Soudainement, il se défit de mon emprise, m’envoya valser un bon coup de griffe dans les côtes,  et je gémis de douleur. Cet enfoiré… Feulant, je tentai de me relever. Si je ne bougeais pas assez vite, il allait m’égorger. La lueur malsaine qui brillait dans son regard ne laissait planer aucun doute, il était fêlé. Et avide de sang, surtout. Il fallait vraiment que je me tape tout les petits cons du coin... Un bruit sourd, deux feulements. Il n’était plus là. Titubant dangereusement, je me relevai et vit un camarade le rétamer un peu plus loin. Ouf. Je l’aurais bien remercié mais… Il avait l’air un peu occupé. Le laissant à sa tâche, je fis quelques pas, grimaçant. Des dizaines d’autres guerriers étaient eux aussi affairés à tenter de faire gagner leur patrie. Les Marais et les Océans étaient déjà mal barrés. Ce combat était inégal. Trois contre deux. Une raison de plus pour rentrer chez nous. Mais non. Les Chefs avaient décidé de recruter des solitaires pour équilibrer la balance, mais très peu avaient répondu à l’appel. On pouvait penser que les Marais étaient les plus agressifs, mais dans ce cas précis, ils ne menaient pas larges. Les Eclairs, Herbes et Nuages étaient eux aussi redoutables. Cependant, personne ne baissait les bras, et la guerre faisait rage.

Un cri de douleur plus strident que les autres attira mon attention, je secouai la tête pour chasser le sang qui m’aveuglait et vit deux guerriers se battre au milieu d’autres. C’était un guerrier des Marais et l’autre des Herbes. Ni une ni deux, je fonçais pour aider mon coéquipier. Mes deux pattes avant s’enfonçant dans les flancs de mon nouvel adversaire, je feulai de rage. Et c’était reparti.