Peut-être un jour y ai-je pensé, à l'amour. Mais au plus profond de mes souvenirs, rien ne me revient. L'espoir me fait vivre comme il me fait désespérer. C'est malheureusement la dure loi de la forêt. J'étais jeune et loin d'avoir acquis toute l'expérience enseignée aux autre meneurs de Clan. Pourquoi étais-tu parties toi, notre grand meneur, Etoile Marécageuse. Toi qui étais si puissant et si intelligent. Pourquoi faut-il que toujours on vous arrache les personnes auxquelles vous tenez le plus ? C'était la seule personne que j'aimais et que je voulais pour moi. Mais c'est un guerrier du Clan des Herbes qui l'avait tué. Plume Blanche. Pourquoi avait-il fait ça, lui ? Bien que je l'ai vengé, les remords de sa mort me hantaient toujours. La seule chose que je lui reprochais, c'était d'avoir la foi envers nos ancêtres, le Clan des Etoiles. Ceux qui m'ont trahi maintes fois. 

Malheureusement, tout était perdu et je sombrais dans mes pensées négatives, voir déprimante. C'est bien entendu depuis ce jour que je me suis mise à haïr les chats étoilés de la Toison Argentée. Ils m'avaient abandonné ce jour-là, si dure pour moi. Prendre ça place m'avait fendu le coeur ! Bien sûr que j'en avais un. J'en ai un pour les personnes de confiance et qui en ont un à leur tour. Quand j'y repense, cet homme que j'aimais était parti. Il l'avait senti. Avant sa mort, il m'avait murmuré ces paroles. « Quoi qu'il arrive, reste forte et tu dois prendre ma place pour le bien du Clan. » Il m'avait prévenu. Il me l'avait dit. J'avais préféré ignorer ses paroles, mais chaque jour il me répétait d'autres paroles pire les unes que les autres telles que « Un jour je ne serais plus là et ce jour-là, ce sera à toi de prendre ma place. » ou « Un jour viendra où je te quitterais mais je t'en supplie le pleurs pas. » Bien entendu ce jour-là justement, j'avais pleuré toutes les larmes de mon corps. Je n'avais jamais compris cette personne et c'est ce côté mystérieux qui m'attirait. Une fois même, nous étions un soir ensemble et il m'avait murmuré ces quelques mots : « Je t'aime ». Il n'en fallut pas plus pour me ravir et j'étais en pleurs lorsqu'il l'avait fait. Le jour de son annonce était le meilleur de ma vie et celui de sa mort le pire bien entendu. Maintenant j'avais perdu foi en mes ancêtres. Ils m'avaient retiré celui que j'aimais ! Ce n'était pas rien. Je me souviens encore de son sourire amusé quand je lui parlais, mal à l'aise, de sa puissance qu'il prenait lorsqu'une décision était à prendre, de son attention quand j'avais besoin de lui ou même pas. Je me souviens aussi de ces bonnes manières envers moi et toutes ces surprises qu'il m'avait fait. Malheureusement ce bel homme au poil blanc n'était plus là pour moi et je n'étais plus là pour lui, telle est ma triste histoire. La mort avait frappée et elle était inévitable pour lui et moi. Maintenant que j'y pense, pourquoi est-ce qu'il avait dû me quitter ? Non ! C'était mes ancêtres qui me l'avaient arraché. Maintenant j'avais peur, peur d'être seule. 

Sans lui. Celui qui était toute ma vie. Celui qui est parti. Sa mort m'était encore dans le coeur et ça faisait mal, très mal. Jamais je n'avais ressentis une chose pareil. Tous m'avait abandonnés. Tous. Ce mâle au pelage blanc qui me souriait et dont j'avais encore le souvenir m'avait quitté. Ces souvenirs avaient beau être loin, je m'en souviens comme si c'était hier. Mes larmes ne pouvaient se retenir, je pleurais. Seule dans cette magnifique forêt. J'avançais sans savoir où j'allais. Mon Clan dormait déjà depuis longtemps et seule la patrouille de minuit était éveillée. J'avais besoin de courir pour m'éloigner, oublier mon passé douloureux et avancer, avancer comme je le fais. Mes pattes allèrent seules et de plus en plus vite. Elles me transportaient dans une direction que seul mon instinct pouvait connaître. Mes larmes me gâchait la vue mais une fois de plus, mon instinct m'indiquait le chemin à prendre. Mes pattes me portaient là où je le voulais, aux Cinq Hélices. Là bas je m'arrêtais, net. Je n'en pouvais plus. Mes halètements étaient vraiment irréguliers et j'étais essoufflée, plus que jamais. J'allais entrer dans la clairière habituelle aux assemblées de Clans lorsque je sentis une odeur assez différente que la mienne. Elle sentait le lapin, la plaine, la clairière... Le Clan des Herbes. Maintenant, il n'y avait plus de Clan, plus rien. J'avais perdu espoir et j'abandonnais tout. Tout. Peut-être pourrais-je m'éloigner définitivement. Loin, très loin d'ici pour oublier encore plus qu'avant. J'observais la créature qui m'étais présentée. Un mâle blanc était allongé sur le dos et observait les étoiles. Alors là, je sanglotais comme je ne l'avais jamais fais. Pourquoi ?! Quand nous étions seuls, Etoile Marécageuse et moi allions aux Cinq Hélices pour observer les étoiles, exactement comme le mâle dans la clairière. Qu'il était beau ce mâle. Son poitrail était magnifiquement bien lavé. Le mien était pareil, mais noir. Ma queue ondulait et était très lisse. La sienne, qu'il remuait , était étrangement en forme de plume. Exactement comme Etoile Marécageuse ! Peut-être était-il l'un de ces descendants car j'avais entendu dire que le grand-père de ce bel homme avait trompé son Clan avec une femelle du Clan des Herbes. Non impossible, je serais beaucoup plus vieille que ça sinon. Quoique... j'ai rencontré Etoile Marécageuse alors qu'à l'époque nous étions tous deux apprentis... Fort possible car la ressemblance était intacte. La voix grave du matou me dit de sortir d'où j'étais. Aussi rusé que son ancêtre l'ami. Je sortis de ma cachette sans prendre la peine d'essuyer mes larmes qui continuaient à couler. Ce chat était la preuve vivante qu'Etoile Marécageuse avait existé. 

Personne n'osait évoquer son nom depuis sa mort car j'en voudrais à celui qui le ferais. Je ne trouvais aucun mot à dire au beau mâle en face de moi mais je la fixais de mes yeux ambres. Il m'avait reconnu, moi la terrible meneuse du Clan des Océans, Etoile du Présage. Mais là je n'étais plus la même. Je sanglotais, terrifiée. Terrifiée et choquée par cette mort , cette ressemblance à celui que j'aimais. Le passé était là. Comme on dit si bien, le temps n'efface rien, surtout pas mes sentiments. Je serrais les dents. C'est difficile de faire semblant que tout va bien. Il était parti et maintenant le présent était là. Je devais affronter le passé mais c'était impossible. Je dévisageais l'inconnu si familier. Il avait l'air plus âgé que moi mais nous étions de taille égale.

« Je n'y crois pas... » avais-je murmuré à voix haute sans m'en rendre compte.