Le vent souffla et hurla aux oreilles de Mélodie du Vent lorsqu'elle sortit de la tanière ds guerriers. Il faisait froid, et elle frissonnait sans cesse. Elle laissa échapper une quinte de toux et alla se chercher une pièce de viande. Elle choisit un maigre poisson, mais qui avait l'air frais, et se dirigea vers son coin préféré pour le manger, seule, et faire une rapide toilette. Le sol était humide et par endroit, le givre de la nuit n'avait pas encore dégelé. Une fois son petit rituel accomplit, elle se dirigea vers la sortie.
Elle chassa toute la matinée, mais arrivée à midi, une brume l'enveloppa, et elle se perdit, ne reconnaissant aucune odeur, aucun endroit. Elle ne voyait plus rien à une longueur de queue. Elle marcha pendant longtemps, à la recherche d'une piste, et finalement, tomba de fatigue. Elle leva la tête. Le soleil perçait peu à peu la couche brumeuse, et elle put enfin voir où elle se trouvait. Elle était dans une plaine qui s'étendait à perte de vues, et où le brouillard persistait, malgré le combat permanent du soleil qui voulait le dominer. Elle huma l'air, car elle redoutait d'être arrivée en territoire ennemi. Elle frissonna d'effroi quand l'odeur du clan des Nuages lui parvint. Elle voulut s'enfuir à toutes pattes, mais lorsqu'elle vit un guerrier gris-bleu approcher à grandes foulées, elle s'y résigna. Elle n'avait rien à se reprocher, puisqu'elle s'était perdu. Elle attendit, assise, la queue enroulée autour des pattes, que le mâle arrive.

La nature semblait déchaînée aujourd'hui. Le ciel était empli de nuages sombres, serrés les uns contre les autres. Pas un rayon de soleil ne parvenait à franchir cette mer immense de cumulus noirs et menaçants. Le vent soufflait, il soufflait fort. Les animaux n'osaient pas mettre le nez dehors, sûrement par peur de se faire surprendre par une grosse averse, ou pire encore, se faire emporter par les violentes bourrasques. L'automne commençait son règne, il chassait avec vigueur l'été depuis quelques semaines. D'ici peu, la chaleur ne serait plus qu'un lointain souvenir et la neige viendrait se poser sur la forêt, comme un doux manteau blanc. A regarder et observer, l'hiver était une jolie saison, tout comme celle qui la précédait. Les couleurs des paysages étaient tout simplement merveilleuses. Mais, la température allait chuter, frôler le zéro. Des anciens allaient mourir, des chatons aussi. Les proies se feraient plus rares et certaines plantes importantes pour les guérisseurs allaient disparaître, à cause du froid. Des mois durs approchaient et la mini tempête qui se déroulait aujourd'hui, ne faisait que le rappeler aux clans.


J'étais sorti, malgré le temps qui promettait une dure journée, longue et désagréable. Je n'étais pas le seul bien sur. Beaucoup de guerriers étaient partis chasser. Il était nécessaire de ramener de la nourriture, de commencer à faire des réserves et de permettre aux nôtres de prendre des forces pour affronter le refroidissement brutal qui s'annonçait. Ma destination était le champ embrumé. Beaucoup de rongeurs et quelques oiseaux avaient élus domicile à cet endroit. De plus, l'épaisse brume qui s'y trouvait était un atout pour moi, mes proies ne pouvaient que m'entendre. Réciproquement, c'était vrai aussi, je peinai à les voir. Couché sur le sol, j'attendis qu'un son me guide vers un repas potentiel. Les rafales de vent semblaient vouloir me pousser, me bousculer. Le temps était absolument immonde.


Des pas. Quelqu'un était là. Je sentis une odeur. Les Océans. Qui cela pouvait bien être ? Il n'y avait qu'une seule façon de le savoir. Je me levai et aperçu une forme blanche au loin. A croire que tout les félins de ce clan étaient de la même couleur. Je m'approchais à pas rapide. L'étrangère s'assit et attendis que je viens près d'elle. Elle ne semblait pas apeurée, ni hostile envers moi. Peut être s'était-elle tout simplement perdue ? Arrivée près d'elle, je lui souris et décidai d'entamer la discussion avec humour :


« Je crois que tu as loupé la frontière ! »

Ma voix était douce et je ponctuai mes mots d'un petit rire. Ce n'était pas la peine d'être agressif ou autre. Je ne savais pas si elle l'avait fait exprès ou si elle juste égarée. Avec tout ce brouillard, il est parfois difficile de s'y retrouver et les frontières entres les clans ne sont pas marquées clairement, aucun panneau ne vous prévient si vous la franchissez.

La jeune chatte blanche semblait apeurée. Effectivement, elle était en territoire ennemi, surtout que les relations entre les Océans et les Nuages n'étaient pas des meilleures. J'étais incapable de dire comment la situation aurait tournée si elle s'était retrouvée face à quelqu'un d'autre. Mais c'était mon chemin qu'elle avait croisé et je ne comptais pas lui faire du mal, sauf si elle lançait les hostilités. Cela n'avait jamais été dans mon tempérament de m'en prendre à une personne qui ne m'avait rien fait. Je trouvais déjà les conflits compliqués et inutiles alors si en plus il n'y avait pas de raison, c'était encore pire. J'observai la femelle avec plus d'attention. Elle possédait un joli pelage blanc avec le bout du nez et les pattes un peu plus foncés, d'un beau gris. Ses yeux étaient bleus, comme les miens et brillaient d'une pointe d'inquiétude. Je me demandai si j'avais l'air aussi hostile que ça. Paraissais-je méchant ?

« Dé-désolé. J'ai... Je me suis... Perdue. »

Je souris. Je m'assis, pour montrer définitivement que je ne lui voulais aucun mal. Avec toute cette brume épaisse, il était facile de se perdre. Quand on ne voit rien devant soi, c'est presque impossible de s'y retrouver. On oublie rapidement vers où nous devons aller, si nous marchons droit ou si nous tournons sans nous en rendre compte. Apprenti, j'avais eu du mal à trouver le chemin du camp dans cette plaine emplie de brouillard. C'était vraiment dur. Et puis, ce n'était pas la première à finir ici par hasard. D'autres s'étaient égarés avant elle. Je lui répondis, avec tranquillité.

« Ne t'en fais pas. Tu n'es pas la première et sûrement pas la dernière à te perdre. On ne voit pas grand chose ici, je comprend. Et tu n'as pas à t'inquiéter.»

Je remarquai qu'elle fut prise d'une quinte de toux. Était-elle malade ? Ce toussotement m'intriguait au plus haut point mais je ne pouvais pas montrer que je me posai des questions. Je ne pouvais l'interroger non plus, ce serait bien trop indiscret.

« Qui es tu, si je puis me permettre de poser la question ? »

Le matou en face d'elle sourit et s'assis paisiblement. Cela se voyait bien, il n'allait pas lui faire de mal. Elle se détendit donc un peu, mais elle étais toujours un peu crispé. Si jamais un autre guerrier ennemi arrivait, il ne serait pas aussi gentil, elle en était certaine. La brume était encore présente, mais elle se dissipait un peu.

« Ne t'en fais pas. Tu n'es pas la première et sûrement pas la dernière à te perdre. On ne voit pas grand chose ici, je comprend. Et tu n'as pas à t'inquiéter. »

Elle fut prise d'une nouvelle quinte de toux et frissonna. Décidément, cette toux ne faisait qu'empirer. Elle allait devoir aller voir leur guérisseuse, mais elle s'y résignait. Elle se rendit compte que le guerrier la regardait, inquiet. Elle devait avoir l'air un peu pitoyable. Elle se ressaisit et se redressa. Finalement, il lui demanda :

« Qui es tu, si je puis me permettre de poser la question ? »

Elle hésita avant de répondre :

« Je m'appelle Mélodie du Vent. Je suis une guerrière du Clan des Océans, mais je pense que tu l'as deviné. »

Elle se demandait aussi qui était ce mâle si amical. Mais elle n'osait pas lui poser la question. Il avait l'air... Puissant. Sûr de lui. Il devait être un vétéran. Ou plus haut-placé, encore, même si il paraissait jeune. La question lui brûlait les lèvres :

« Et toi, qui es-tu ? »

La jeune chatte blanche sembla se détendre un peu, malgré le fait qu'elle ai toujours l'air un peu crispé. Elle se rendrait vite compte que je ne lui ferais aucun mal. C'était loin d'être mon genre. La plupart de mes rencontres étaient pacifistes. Celles qui ne l'étaient pas étaient dues aux autres félins que j'avais rencontré et non pas à moi. Je ne me voyais pas défier un inconnu ou être désagréable avec lui, rien qu'en m'appuyant sur le fait qu'il n'était pas de mon clan. Je n'étais pas belliqueux, ni violent, ni haineux, même si mon nom avait une consonance un peu agressive. Comme quoi, l'habit ne fait pas le moine. L'inconnue fut prise d'une nouvelle quinte de toux, plus violente. Elle était sûrement atteinte d'un mal quelconque. Avec le froid et l'hiver qui arrivait, les maladies touchant les poumons étaient plus fréquentes et plus violentes. Elle avait certainement attraper un virus du genre. Elle répondit à ma question :

« Je m'appelle Mélodie du Vent. Je suis une guerrière du Clan des Océans, mais je pense que tu l'as deviné. Et toi ? »

Effectivement, je ne me trompai pas sur les odeurs. C'est une des premières choses que l'on apprend lorsque l'on est apprenti : reconnaître les senteurs des autres clans. C'est important, essentiel. Chacun est marqué par une odeur particulière, et toutes sont différentes. Je trouvai cela impressionnant d'ailleurs, ces variations d'arôme. Il ne fallait pas grand chose pour m'émerveiller et la diversité des parfums claniques en faisaient partie. Tout comme un bourgeon qui se transforme en fleur, une chenille qui devient un papillon, un chaton qui apprend à marcher, une blessure qui guérit. La nature est merveilleuse et peu de gens sont capable de le voir et surtout, de l'apprécier. Je sortis de mes pensées et répondis à la question de Mélodie du Vent.

« Je suis Griffe de Pluie, lieutenant du clan des Nuages. Enchanté de te rencontrer »

Je souris à la fin de ma phrase. Tout était sincère. J'aimais beaucoup faire connaissance avec des gens. Plus jeune, j'avais eu beaucoup de mal à me faire des connaissances dans les autres clans, j'avais peur que cela m'empêche d'être fidèle aux miens. Mais pas du tout. Les deux sont possibles. Il faut juste savoir faire la part des choses. 

Griffe de Pluie semblait perdu dans ses pensées, et lorsqu'il en sortit en fin, il répondit à sa question :

« Je suis Griffe de Pluie, lieutenant du Clan des Nuages. Enchanté de te rencontrer. »

Elle avait donc devant elle le lieutenant du Clan des Nuages. Et ce n'était pas un chat sanguinaire. Ni belliqueux. Ni méchant. Ni hostile. Étrange. Maintenant, elle était complètement confiante. Elle n'avait presque plus l'impression d'être en territoire ennemi. Que le chat en face d'elle était un matou d'un autre clan. Elle n'avait plus l'impression d'être étrangère. Et pourtant, elle se tenait, assise, droite, devant le lieutenant de Clan des Nuages.Qui plus est, le Clan des Nuages n'était pas très amical avec son Clan, ces derniers temps.
Elle répondit, d'une petite voix :

« Moi de même. »

Malheureusement, elle était bien en territoire ennemi. Elle n'avait rien à faire ici. Elle était étrangère. Griffe de Pluie était sensé être son ennemi. Elle toussa. Encore une fois. Elle regarda autour d'elle. La brume disparraissait peu à peu, bien qu'encore présente. Et le soleil était très haut dans le ciel. Il devait être l'après-midi. Puis, elle se leva, battit l'air de sa longue queue blanche et grise, puis dit :

« Mais je n'ai pas à être ici. »

Elle inclina la tête avec respect.

[Désolée, c'est vraiment tout petit, mais je sais pas quoi écrire ! x)]