Parler. Il fallait que je parle. Que j’en parle. De tout. De rien. Juste pour parler, pour s’expliquer. Pour laisser couler les mots, sans aucune retenue. Pour se vider de ce poids énorme qui pesait sur mon esprit et sur mon cœur. Tous ces secrets que je gardais. C’était trop pour un chaton comme moi. Je n’avais rien demandé, j’avais juste laissé mes pattes me guider, j’avais juste fait ces rencontres, et j’étais resté naturel. Des liens s’étaient formés, des attirances. Et je m’en voulais, car c’était interdit. Mais quand on est encore jeune, quand on n’a pas le sens des responsabilités, on fait les choses sans réfléchir... Sauf qu’après, on s’en veut. On a des remords, on se rend compte que c’était une erreur, qu’on aurait pas dû. A ce moment-là, revenir en arrière est déjà presque impossible. Alors on doit en parler. A quelqu’un. Pas n’importe qui. Une personne en qui on a confiance, qui saura nous conseiller, qui ne trahira pas nos confidences. Pour moi, ce serait Étoile Enchantée.
C’était un petit matin calme. Je sortis de la pouponnière, le pas hésitant. J’avais pris une décision. Ma décision. Mais la chance me souriait, aujourd’hui. J’aperçus Étoile Enchantée, au milieu du camp, qui donnait ses instructions. Un groupe de chats était avec elle, puis, ils la saluèrent et quittèrent le camp. Patrouille du matin. La meneuse les regarda sortir, puis repartit vers sa tanière. Après une respiration profonde, je la suivis. J’avais longuement réfléchi. Si je continuais à y penser, je changerais d’avis, et il ne fallait pas. Résigné, je me présentais à l’entrée de la caverne. « Étoile Enchantée, c’est Petit Mirage. Il faudrait que je te parle. Je peux entrer s’il te plait ? » demandais-je d’une voix forte et assuré. Je lui faisais confiance, déjà, alors qu’elle était encore guerrière. Qu’elle devienne chef montrait qu’elle était loyale et fidèle. Oui, ma décision était la bonne. Forcément.

L'enfer. Aujourd'hui c'était l'enfer. Un des pires jours depuis quelques lunes. C'était exactement aujourd'hui que ma mère disparu et 12 lunes plus tard mon frère était introuvable. Il m'avait abandonné, laissée sans famille seule. Mais j'avais réussi à vivre seule juste un peu aider par mon ancien mentor qui n'est plus avec moi mais avec le clan des Étoiles. Lune Lumineuse m'a beaucoup aidé c'était comme ma mère adoptive sauf que quand elle n'était plus avec moi, c'était la misère. Mais m'amuser avec les chatons du clan m'a redonné "vie". D'aider le guérisseur m'a aussi aidé. Puis je me suis fait des amis, j'ai recommencé à être heureuse. Je suis devenu lieutenant et peu de temps après meneuse de mon clan. Tout les Éclairs comptaient sur moi alors je ne pouvais pas les décevoir.
Lorsque j'ouvris les yeux, des larmes y coulèrent. D'un vite coup de patte je les retira pour montrer aucune faiblesse de ma part. Ce matin était calme, je sortis de ma tanière pour donner les instructions de la journée. On me demanda si j'allais y participer, mais je refusai. Mon morale n'avait pas de courage aujourd'hui. Alors je retourna dans ma tanière pour pouvoir me morfondre tranquillement. J'entendis des pas hésitants devant ma tanière puis une voix se fit entendre.
« Étoile Enchantée, c’est Petit Mirage. Il faudrait que je te parle. Je peux entrer s’il te plait ? »
Je reconnais la voix de mon petit protégé. Je ne voulais voir personne mais s'il venait me voir c'est qu'il avait quelque chose d'important. Je passa un coup de patte sur mes yeux, un coup de langue sur mon pelage et lui demanda d'entrer.
« Petit Mirage, quel bon vent t'amène me voir. Il y a un problème ?»
Je lui parlais comme une amie, comme une soeur, comme un membre de la famille car c'est ce que je pensais de lui. Je lui avait déjà dit qu'il pouvait me parler au sujet de n'importe quoi. Alors j'attendais sa réponse à ma question.

Quel meneuse j'étais. Petit Mirage venait me voir pour me demander quelque chose et moi comment je l'accueille ? Une fourrure pas entretenu comme à son habitude et une étrange expression sur le visage. J'étais descendu au plus bas aujourd'hui. Avec lui je restais toujours calme, et je lui parlais avec un air maternel. Il me sourit mais timidement. Je suis alaise avec lui s'il était mon fils sauf que non. J'étais juste une meneuse que tout le monde trouvait trop jeune, inapte à son poste mais surtout qui était trop fragile mentalement. Être abandonné par sa mère à l'âge de 2 lunes puis par son frère 12 lunes plus tard non. J'étais une chatte au sang impur. Je ne suis pas née entièrement dans ce clan. Mon père est un chat solitaire et peut-être même qu'avant il était un domestique, je ne sais pas. Je ne sais rien de lui, même pas son nom. Lune Lumineuse m'a aidé à m'en sortir. C'était ma mère adoptive sauf qu'elle est morte. J'étais vraiment seule. Je suis sûr que les autres meneuses ne m'aiment pas. Je ne parle pas beaucoup et quand je parle je dis des choses qu'elles interprètent mal. Alors avoir le poids d'un clan sur ses épaules alors qu'on a du mal à vivre c'est avoir du courage. Peut m'importe ce que pense mon clan. Ils ne sont pas d'accord, qu'ils partent mais cela me rendrait triste. J'ai encore de la chance que le guérisseur ainsi que les chatons suivent leur propre conviction. Il commença à parler d'une voix hésitante, une très petite voix. « Je ne sais pas vraiment si c’est un problème, en tout cas pour moi ce n’en est pas un. Mais ça pourrait peut-être en causer au Clan… » Je sais qu'il ne veut pas me décevoir, me voir m'énerver ou encore être triste. Il n'en rajoutera pas à ce que j'ai sûr le cœur. Il ne me perdra jamais, je le jure sur ma défunte mère adoptive. Il est mon protégé et même si je n'étais plus de ce clan je continuerai à veiller sur lui. Il voulait me dire quelque chose sauf qu'il a peut-être peur de mes réactions et me demanda d'un ton prudent juste pour confirmer ses pensées surement. « Étoile Enchantée, avant que je t’explique, tu peux me promettre de ne pas te fâcher contre moi ? »  Pourquoi il voulait que je me fâche. S'il voulait me confier quelque chose de dur à supporter alors moi aussi je lui dirais ce que j'ai vécu. Comme ça il pourrait être sûr de pouvoir compter sur moi pour les plus lourds secrets. Je regarda le petit chaton qui était devant moi, alaise mais il avait peur des réactions des autres. Je m'approcha de lui et posa ma queue sur sa tête en ronronnant. Petit Mirage, tu ne me connais toujours pas ? Quoi qu'il arrive, quoi que tu me dise je ne me fâcherais jamais contre toi. Alors dis moi ce qu'il ne va pas. Pour être sur que tu pourra toujours avoir ma confiance, je te raconterais ce que j'ai vécu étant apprentie.

Étoile Enchantée m’observa quelques instants avant de répondre. Son regard était doux et protecteur. Ses yeux brillaient d’une leur indescriptible dans l’obscurité de la tanière. Enfin elle ronronna et caressa mon visage avec sa queue. Son parfum subtil emplit mes narines, tandis que sa fourrure toujours soyeuse -malgré le peu d’entretien- se mêle à la mienne. Son geste me rassura et me fit presque oublier l’importance qu’avait la femelle. Pour moi, la jeune chef était une amie fidèle, une conseillère de qualité et une seconde maman exceptionnelle. Elle répondit, de sa voix chaleureuse que j’aimais tant : « Petit Mirage, tu ne me connais toujours pas ? Quoi qu'il arrive, quoi que tu me dises je ne me fâcherais jamais contre toi. Alors dis-moi ce qui ne va pas. » Ses paroles étaient emplies de sincérité, ce qui me fit chaud au cœur. Mais sa question, qui n’en était pas vraiment une, me troubla. Oui, je pensais la connaître. Je pensais. Pourtant, je ne savais rien de son passé, de son histoire. Où était sa famille ? D’où venait-elle ? Comment s’était déroulé son apprentissage ? Avait-elle eu, comme moi, des relations avec les jeunes des autres Clans ? Avait-elle aimé, malgré les interdictions… comme moi ? Elle poursuivit, comme si elle avait lu dans mes pensées : « Pour être sûr que tu pourras toujours avoir ma confiance, je te raconterais ce que j'ai vécu étant apprentie. » Je ne m’attendais pas à cette proposition, et je ne lui demandais pas de me parler de son passé en échange de mes confidences. Si elle ne m’en avait jamais parlé auparavant, il y avait peut-être une raison. Mais après tout, lui avais-je déjà laissé le temps de m’expliquer ce qu’elle avait vécu ? C’était toujours moi qui venais la voir pour lui raconter ma petite vie et mes soucis. Elle m’avait toujours écouté avec gentillesse et attention, elle avait toujours essayé de m’aider. Elle m’avait encouragé de nombreuses fois, pour que je puisse continuer à avancer. Et elle ? M’étais-je montré trop égoïste, avais-je pris toute la place ? Pourtant, j’étais curieux de connaître son passé. Je voulais savoir comment elle était devenue ce qu’elle est aujourd’hui, comment elle s’était forgé ce caractère en or.
Mais c’était d’abord à moi de m’exprimer. Comme d’habitude. Je voulais commencer par Petite Ironie, avant de parler des autres chatons que je connaissais. La femelle des Herbes m’obsédait depuis quelques jours, sans que je comprenne vraiment pourquoi. Je revoyais sans cesse son visage souriant, et ses paroles rythmaient mes rêves. Ses yeux pétillant semblaient se fixer dans les miens pour l’éternité. J’avais envie d’en dire plus, de décrire ce que j’avais sur le cœur. Pourtant, je me contentais de lâcher : « Je crois que je suis amoureux. » Mon ton blasé avait pour but de cacher ma sincérité et mon bouleversement. Je relevais la tête vers Étoile Enchantée, mon visage d’ordinaire joyeux étant devenu impassible comme une statue de marbre. Chaque jour, je prenais un peu plus conscience de l’effet que me faisait Petite Ironie. Ce n’était pas la seule à avoir un impact sur moi. Je me rendais ainsi compte que c’était eux qui faisaient ce que je suis, qui m’aidaient à me construire et à me connaître. D’une voix plus sûre, je poursuivis : « Elle est fantastique. Elle s’appelle Petite Ironie et elle a mon âge mais… elle vit dans le Clan des Herbes. » Je plongeais mon regard dans celui de ma meneuse, attendant sa réaction.  

Voir ainsi mon petit protégé me faisait quelque chose. Oui, je l'avais toujours protéger, conseiller, à vrai dire je le considère comme mon fils même si ce n'est pas le cas. Je sais que toute les petites attentions lui faisait du bien. Cela le rassurait. Je sais que cela lui faisait oublier mon rang, mon importance dans le clan, même si je pensais que ce n'était pas ma place. Il ne savait rien de moi car tout les anciens savaient ce que j'avais vécu et ne se donnait même pas la peine de raconter ce que j'avais vécu aux chatons qui veulent tout savoir. Je me promis d'être honnête avec Petit Mirage. Lui, il devait tout savoir. Il venait tout me raconter alors je dois tout lui raconter pour être une amie honnête, une vrai conseillère pour lui. Après lui avoir proposer de raconter mon histoire, il eut un moment d'hésitation. Non. Il réfléchissait par quoi commencer. Il devait en avoir des questions pour réfléchir ainsi. Tant mieux qu'il vienne m'en parler maintenant. « Je crois que je suis amoureux. » Il parlait avec un ton blasé. Mais je le connaissais. Il essayait de cacher quelque chose. Il me regardait. Son visage d'ordinaire joyeux était devenu de marbre. Le pauvre, il ne devait surtout pas cacher autant de chose. Il pouvait tout me dire malgré le fait que je sois la meneuse du clan. J'approchai ma tête contre la sienne pour le soutenir à me dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Il parlait d'une voix un peu plus sûr. « Elle est fantastique. Elle s’appelle Petite Ironie et elle a mon âge mais… elle vit dans le Clan des Herbes. » Alors il était amoureux et de plus d'une petite du Clan des Herbes. Il fixait son regard dans le mien pour voir ma réaction. Et bien c'est naturel d'être amoureux mais il n'est encore qu'un chaton et comment il a fait pour l'a connaître, il a bien dû sortir du camp. " Petit Mirage, comme tu es là pour me demander conseil je ne dirais rien sur le fait que tu as dû sortir du camp pour rencontrer Petite Ironie. Tu es jeune mais l'amour est normale mais avec une femelle d'un autre clan n'est pas très apprécier. Pour l'instant Petit Mirage, je voudrais te demander de ne pas la voir jusqu'à ce que tu sois devenu apprenti. Mais si jamais tu n'écoute pas mon conseil ne va pas dépassé les frontières. " J'essayais de lui dire que cette relation allait être très dur à vivre et très mal vu. Je ne voulais pas que son cœur soit blessé. C'est bien qu'à son âge il connaisse l'amour. Surtout que moi je ne connaissais pas ce bonheur. Que dire de plus. L'amour entre deux clans est très mal vu et le plus souvent les deux deviennent solitaires ou encore ils essayent de cacher leur relation qui est le plus souvent rapidement découvert. Je le regardais avec un petit air triste pour lui mais aussi pour moi. Je mettais rappeler que j'étais seule depuis longtemps, sans famille et sans compagnon.