« Qui est là ? »
J’avais crié. Crié pour faire fuir ma peur. Crié pour me rassurer. Crié pour oublier mes doutes. Hurlé. Avec rage et désespoir. Avec incertitude et indécision. Un doux feu brûlait en moi. A la fois glacial et intense. Sombre et lumineux. Dévastateur. La douleur lancinante brouillait mes pensées. Tuait mon calme. Quel idiot je faisais. Comme j’étais con. Plus que les douleurs physiques, c’était ma mentalité qui m’exaspérait. Ma stupidité, mon inattention. J’étais en territoire inconnu, pas sur les terres de mon Clan, et bien sûr, je n’étais pas fichu de faire attention. J’avais foncé tête baissée, et m’était pris cette racine en plein dans les pattes. De plus, comme si mon malheur n’était pas assez important, j’avais détecté la présence de quelqu’un. Tout près de moi. Bien sûr, j’étais incapable de faire quelque chose, de courir vers mes terres pour consulter le guérisseur. J’étais obligé de rester là, immobile et impuissant. Misérable.
A quoi bon s’être levé aux aurores et avoir quitté le camp si tôt ? A quoi bon avoir désobéi et s’être échappé ? A quoi bon avoir déjoué les surveillances des guerriers ? A quoi bon avoir traversé les terres des Éclairs, avant de pénétrer sur ces territoires humides et intriguant ? A quoi tous ces efforts ont-ils servi ? A rien. Je me retrouvais adossé à ces rochers empilés, sans pouvoir agir. Et si l’on m’attaquait, qu’est-ce que j’allais faire ? J’avais donc pris une voix menaçante et agressive avant de lancer mon cri.