La forêt de pin m'entourait. Je me promenais dans cet étendu d'arbre épineux. J'avais l'impression qu'une musique entraînante me poussait à marcher à un rythme irrégulier, comme pour danser. J'entendais le murmure des arbres m'appeler. Je faisais le fou un petit peu. J'étais seul, personne aux alentours alors on pouvait dire que j'en profitais, oui. Si jamais quelqu'un me voyait, je pense que j'aurais l'air ridicule à entreprendre une démarche pareille. Mais j'étais seul. Oui, j'étais seul et j'en profitais. Je ne sais pas vraiment ce qui me prenait, mais je le faisais, puisque j'étais seul. Oui, j'étais seul et j'en profitais. Mais aussi je me répétais. Je regardais autour de moi tout ce qui m'entourait. Une forêt, et c'est tout ce dont il me fallait. Des arbres assez épais pour me camoufler, pour me cacher, moi et cette stupide danse qui m'emportait, que je n'arrivais pas à stopper. Je continuais sans savoir quand est-ce que je m'arrêterais, ni combien de temps est-ce que cette drôle de danse durerais. Je m'ignorais, oui, complètement. Mais j'étais seul. Oui, j'étais seul et j'en profitais. Mais quelque chose m'arrêta net. Une douleur, incroyable était-elle. Mon délire cessa en quelques secondes à peines. J'avais affreusement mal à la patte. Je fixais cette dernière et poussa un gémissement lorsque j'aperçut ce qui avait interrompu ce drôle de moment (dont je n'étais pas vraiment mécontent) : une épine de pin. Un tapis de ces aiguilles couvraient le sol, il n'était donc pas étonnant que cet incident m'arrive. Cela devait bien se produire un moment ou à un autre non ?

Je rentrais, frustré par cette épine qui me faisait souffrir le martyr. Une pauvre petite aiguille végétale pouvait interrompre et bloquer un apprenti. Comme quoi ! J'étais certain que même le guerrier le plus résistant avait été touché par cet incident au moins une fois dans sa vie. On y passait tous à un moment ou à un autre dans toute notre existence. Maintenant je ressentais ce que les autres apprentis avant moi avaient subis. J'apercevais le camp. Je m'empressai de le rejoindre et me dirigeai directement vers la tanière de notre guérisseuse : Papillon Gelé. J'entrais sans prendre la peine de démonter ma présence. « Papillon Gelé, j'ai mal ! »

Si le soleil était radieux se jour-ci et le temps agréable, j'étais plutôt désoler de ne pouvoir en profiter, contrainte de ranger ma tanière après une tempête nommé chatons surexcités. Mais bon cela faisait partit du métier et ses petite canailles turbulentes étaient encore bien jeunes, je les avait donc réprimander n faisant pourtant simplement attention à ne pas les traumatiser. J'étais en train de ranger les feuilles de menthe aquatiques dans le coins qui leur étaient dédier quand des bruit de pattes me firent me retourner. Ca m'avait un peu surpris, le nez dans les remèdes depuis le petit matin aux aurores quand le ciel encore pâle reflétait une douce lumière orange. Derrière moi à l'entré de ma tanière la jeune Nuage Esseulé était apparut grimaçante le museau retroussé et avait gémi maladroitement :

« Papillon Gelé, j'ai mal ! »

En me tendant ça fine patte. Je l'invitais alors à venir ce poser près de moi et tira son coussinet vers moi, examina quelque seconde son bobo et m'entrepris à retirer l'épine de sa patte qui était visiblement bien enfoncé et qui résister quand avec mes croc j'essayais de l'extraire du coussinet de la jeune novice quand elle sortit enfin, ça se mit à saigné et j'y mis une petite toile d'araignée et appliqua un cataplasme de solidago pour éviter une infection avant de déclarer :

" Et voilà ! ne t'appuis pas dessus pendant une ou deux heure ça devrait vite passer. En attendant comme tu ne vas pas aller chasser tris moi les feuilles pourries et jette-les, dis-je d'un ton profiteur en lui tendant mes réserve de camomille."

Papillon Gelé me fit signe de m'approcher d'elle pour qu'enfin elle puisse enfin me retirer cette épine qui me faisait tant souffrir. Il fallait que j'arrête de courir partout et si je n'avais pas été dans cette stupide forêt cela ne le serait certainement pas arrivé et au moins je ne me serais pas ridiculisé. Je ne sais pas ce qui m'avait prit en fait. C'était ce drôle de rythme qui m'avait entraîné je ne sais comment au point de ne plus pouvoir m'arrêter, de ne plus pouvoir me contrôler, ni me stopper. Mon corps était parti tout seul, quelque chose d'invisible et d'inexistant sûrement l'avait poussé à danser ainsi, comme si j'avais été possédé, comme si quelque me dirigeait telle un pantin, une marionnette que l'on manipulait avec une de ces facilités. Si ça se trouve, c'était le Clan des Étoiles qui avait fait de moi un véritable cobail, une sorte de testeur, comme une marionnette en quelques sortes. En même temps ils avaient tous les pouvoirs sur nous et la nouvelle forêt, dont celui de tous nous contrôler. Peut-être qu'ils pouvaient décider de nos sentiments aussi, de nos rencontres... Mais ce qui était sûr, c'est qu'ils étaient parfaitement conscients de nos destins à chacun. Je ne savais pas si c'était vrai et je pense que je ne le saurais pas tant que je n'irais pas les rejoindre moi-même pour en prendre conscience. 

Papillon Gelé me fixait toujours et attendait que j'approche pour qu'elle puisse me soigner. Je n'attendis pas plus longtemps et avançai vers elle en boitant quelque peu. Bientôt j'arrivai tout près de la guérisseuse et elle me fit signe de tendre la patte, ce que je fis peu de temps après. La guérisseuse examina le problème quelques instants avant de saisir l'épine de pin délicatement entre ses dents puis de l'arracher d'un coup sec de mon coussinet. Cela s'était fait en très peu de temps mais j'avais eu le temps de placer un gémissement entre la courte durée. Mais cela faisait mal. Au moins je n'avais pas la douleur permanente de l'épine plantée. Papillon Gelé alla ensuite préparer un cataplasme qu'elle appliqua quelques instants plus tard sur la blessure qui saignait un peu. « Et voilà ! ne t'appuis pas dessus pendant une ou deux heure ça devrait vite passer. En attendant comme tu ne vas pas aller chasser tris moi les feuilles pourries et jette-les. » me dit-elle quelques instants après. J'avais deviné que la guérisseuse avait profité de cette blessure pour me faire faire des corvées qu'elle avait la flemme de faire. Elle m'avait tendu un tas de plantes qui m'était inconnues pour le moment. « Qu'est-ce que c'est ? » avais-je demandé.

« Ce sont des fleurs de camomille, ça sert à apaiser et à soigner les maux de tête. » me confia-t-elle. Papillon Gelé m'impressionnait beaucoup. Elle connaissait tant de choses, tant de choses que la plupart des autres membres des Clans ignoraient. C'était ça qui était fantastique : le fait d'en savoir plus, d'avoir de la sagesse, d'acquérir encore plus de connaissance. C'est ce qui faisait de nous quelqu'un de respecté puisque l'expérience n'avait jamais manqué. C'était comme cela que l'on arrivait à un stade élevé, que plus jamais on ne se fait piétiné. Au contraire, on est même redouté. C'est pour toutes ces raisons que nous devons travailler afin de devenir le meilleur des guerriers, pour enfin tous leur montrer qui on est en réalité. « Bois un peu, avec la chaleur qu'il fait ça ne peut que te faire du bien. » Elle avait entièrement raison. De plus, je mourrais de chaud. J'avais déjà commencé à trier les feuilles alors qu'elle me tendait une mousse remplie d'eau. Je la pris soigneusement avant de boire. J'étais complètement désaltéré. C'était vraiment impressionnant la quantité de liquide que pouvait contenir une si petite mousse verte. De quoi désaltérer un Clan entier presque si elle était prise en grand nombre. Je regardais ensuite la guérisseuse du Clan des Nuages. Elle était occupée à ranger tout le désordre qu'avaient fait des chatons. Sûrement que s'en était puisque des guerriers ou même des apprentis ne s'amuseraient en aucun cas à faire une telle chose. Ils étaient tous conscients qu'un guérisseur avait beaucoup de travail, surtout si il était seul comme dans le cas de la jeune femelle. Alors il ne fallait pas lui en rajouter encore plus qu'elle n'en avait. « Est-ce que le Clan des Étoiles t'aide en cas de défaite ? Est-ce qu'il est de ton côté ?» Je ne savais pas vraiment ce qui m'avait poussé à poser cette question à la chatte. Peut-être le fait que je doute de mes ancêtres... Je ne sais pas vraiment si ils existent, même pas si ils sont avec moi. Ils ne m'ont encore rien apporté depuis le début. J'ai perdu mes parents, morts dans une attaques de bêtes féroces appelées "chiens" je crois bien. Je n'ai jamais rencontré l'amour, du moins pas encore et je n'ai jamais connu quelqu'un qui valait la peine de lui parler, de lui donner un tout petit brin d'amitié.

« Et bien... C'est une question compliquée. Cela dépend, ça dépend de la gravité de l'échec, du nombre de ratés et puis de ce que ça t'inflige à toi. En tout cas en cas de besoin, même moral, c'est le plus souvent une personne qui t'es chère qui vient dans tes rêves, ou alors qui apparaît sous forme de vision. Mais il se peut aussi que ce soit quelqu'un que tu n'as jamais connu ou que tu connaissais à peine. » C'était assez extraordinaire tout ça. Je dois même avouer que ça me fascinait ce récit et toutes ces explications concernant le Clan des Étoiles, le Clan de tous nos ancêtres. Soudainement la femelle s'absenta quelques instants pour ensuite revenir, un peu essoufflée par sa course. Elle s'excusa ensuite. Je ne pouvais pas lui en vouloir d'avoir des apprentis à remuer, il fallait bien que le Clan s'active si on voulait en assurer sa survie. Je me demande bien pourquoi je n'ai pas fait apprenti-guérisseur. Je devais avoir l'air rêveur puisqu'elle me posa une question que tout le monde me posait tout le temps. Seulement, là, c'était différent puisqu'elle paraissait sincère. « Ça va ? » Je relevais la tête du tas de camomille avant de la regarder fixement. « Oui bien sûr. Pourquoi ça n'irait pas ? » lançais-je soudainement en souriant pour bien lui montrer que tout allait bien. J'étais même ravi de me trouver ici en compagnie de notre guérisseuse. J'adorais parler du Clan des Étoiles. C'était toujours quelque chose que j'avais adoré faire. Malheureusement le destin me réservait autre chose et je devais être prêt à l'affronter.

La femelle me souriait. C'était vraiment quelqu'un d'agréable. Autant à regarder qu'à dialoguer. C'était une guérisseuse extraordinaire. Mais en même temps je crois bien que tous les guérisseurs ont ce don d'avoir une pointe de mystère, d'originalité qui fait d'eux des gens respectés, parfois même souvent enviés. Pourtant, ce n'est pas de cette façon que tout se passe réellement. Pour eux, ils luttent au quotidien sans vraiment savoir ce que leur réserve leur destin. « Mais sache que parler au Clan des Étoiles n'est pas réservé au guérisseurs, après tout se sont aussi tes ancêtres. Tout les guerriers ne peuvent avoir des communications réel avec eux mais rien n'est impossible. » C'était tout à fait vrai. Mais pourtant j'avais toujours imaginé que seuls les guérisseurs dotés de dons et de qualités pouvaient dialoguer avec eux. Quelle chance se serait un jour de rencontrer rien qu'un seul de leur membre. C'est remonter dans le temps en quelques sortes. C'est reprendre contact avec le passé. C'est tout simplement ré-exister. Puis elle fit une remarque que je ne saisis pas. Peut-être était-ce parce que je ne l'avais juste pas écouté. C'était sûrement ça en effet. Elle me taquina en me pinçant gentiment l'oreille. Le destin des guérisseurs était si compliqué. Ils avaient tant de choses à faire chaque jour. Tout était si compliqué. J'étais complètement perdu dans mes pensées, mais je pense qu'elle l'avait bien remarqué. J'avais enfin terminé de trier toutes ces plantes-là. Le soleil était couché. Cet après-midi s'était très rapidement achevé. Au moins j'avais filé un coup de patte à quelqu'un aujourd'hui et je dois vous avouer que c'était bien plus intéressant que de chasser ou de patrouiller. Malheureusement là n'était pas ma destinée et demain je devrais y retourner. Je saluai la guérisseuse et sorti doucement de l'antre en me retournant une dernière fois avant de partir définitivement. J'avais appris pas mal de choses aujourd'hui; bien assez pour continuer ainsi dans ma vie.