Aném’ a la chance d’être assez équilibrée entre force et agilité, bien qu’elle soit plus douée en combat qu’en chasse. Son corps est élancé, et, aux premiers abords, ne semble pas fort le moins du monde. C’est là qu’ils se trompent. Même si elle paraît fine, presque frêle, elle en vérité musclée et endurante. Ses muscles sont cachés dans un endroit inconnu de tous, de la féline y compris. Son pelage est roux vif et sa longueur varie selon les saisons. En été, il sera ras, en hiver épais et duveteux. Au moins, elle n’a pas à ce soucier de la météo, sa fourrure le fait pour elle ! Pour terminer, ses yeux sont ambrés vifs, qui peuvent intimider par leur lueur qui reflète parfaitement le caractère de la rouquine.

Un vrai bon sale caractère à la hauteur de la réputation du clan des Marais. Désagréable, arrogante, sauvage, peu de chats l’apprécient et elle n’apprécie pas grand monde en retour. Le seul félin en qui elle a une confiance aveugle et une complicité inégalée, c’est avec son frère Nuage Ténébreux. Tous les deux, ils partagent les mêmes points de vue, ils s’entendent à merveille.
Avec les autres membres du clan, elle essaie d’être vivable, de proposer son aide, de participer activement à la vie du clan. Ça, elle ne l’oubliera jamais. Elle est dévouée à son clan et pour toujours. Par contre, elle est dévouée à son clan, pas à ses membres. Si elle n’aime pas quelqu’un, la question ne se pose même pas, vous le saurez. Et quand elle ne supporte pas quelqu’un, elle lui fait toutes les crasses imaginables. Là, elle fait preuve d’une imagination à toute épreuve.
Avec ceux des autres clans, elle est tout bonnement invivable. Froide, plus sauvage que jamais, elle s’attaque presque à tous les coups aux apprentis qu’elle croise. Aném’ aime manipuler les plus jeunes qu’elle. Elle est en effet très convaincante dans ses propos et donc très hypocrite. Mais son hypocrisie est réservée aux autres clans. Elle essaie de rester le plus honnête possible avec ses compagnons de clan. Pour qu’elle gagne la confiance des siens dans le but d’accéder à la tête du clan un jour. Meneuse, elle serait crainte et respectée par les autres clans pour sa force. Ainsi est son rêve.

Tout est calme, tout est serein dans un clan dont le nom a été depuis oublié par une chatonne rousse. La rouquine, dans la pouponnière, s’appelle Petite Anémone. Elle est encore jeune –peut-être moins de 2 lunes-, pourtant, ce qui se passa cette nuit là restera gravé dans sa mémoire, et pour longtemps.
Cette chatonne avait un frère. Son nom ? Petits Ténèbres. Les deux petits vivaient leur vie dans la pouponnière, avec deux parents qui les aimaient. Jusqu’à cette nuit de printemps, celle qui changea tout. Le frère et la sœur dormaient profondément, l’un dans l’autre, ronronnant doucement. Mais soudain, l’air se fit plus lourd, plus chaud, et plus oppressant. Petite Anémone n’y prêta tout d’abord pas attention. Ce fut les cris de sa mère et d’une autre reine qui l’alertèrent et l’ôtèrent de son sommeil. Ses yeux ambrés engourdis de fatigue, elle se dirigea, tremblante vers sa mère. Le camp brûlait. Elle entendait les hurlements et pleurs des autres félins, qui voyaient leurs proches de l’autre côté des flammes. Petite Anémone était terrifiée. Avant que sa mère ni les guerriers du clan n’aient eu le temps de faire quoi que ce soit, un tronc s’écroula devant la sortie de la pouponnière, empêchant quiconque de passer. Ils étaient coincés ! Les chatons hurlèrent d’effroi pendant que leur mère cherchait une solution. Bientôt elle la trouva. Une minuscule fente dans le fond de la tanière. Assez grande pour que sa progéniture puisse passer, mais pas assez pour pouvoir passer ni l’agrandir. Alors, la question ne se posa même pas pour elle. La reine saisit ses petits dans la gueule et les poussa dans le trou à l’extérieur. Petite Anémone voulut résister mais il n’y avait rien à faire, sa mère tenait à la faire partir d’ici.
-Courrez mes petits ! Sauvez-vous et faites attention ! Je vous aime mes chéris … Courrez !
 
Petite Anémone pleurait, poussée par son frère, qui semblait vouloir accomplir le souhait de leur mère, condamnée dans ce brasier. 
Ils furent à peine sortis du camp qu’un autre tronc enflammé vint séparer les deux jeunes félins. Les larmes affluèrent de plus belle sur les joues de la rouquine qui n’imaginait pas ce qu’elle ferait sans Petits Ténèbres. Les flammes maudites se reflétaient d’une lueur menaçante dans les prunelles de la rouquine qui fut obligée de reculer d’un pas. Elle ne voulait pas l’abandonner, ne plus jamais le revoir.
Comme de bons petits cachotiers que le frère et la sœur étaient, ils avaient une phrase secrète qui signifiait énormément à leurs yeux. Quand ils s’amusaient et qu’ils risquaient de se faire gronder par leurs ainés, ils criaient cette phrase, dont eux seuls pouvaient connaître la signification exacte : «  La neige arrive ! Il faut s’abriter ! » Leur mère s’appelait Neige Noire. La « neige » étant une référence directe à leur mère qui arrivait.
Petite Anémone se calma d’un coup, devenant sombre et sérieuse. Elle miaula, d’un calme qui lui était à présent tout nouveau :
– Il faut partir Petits Ténèbres. « Les Flammes arrivent. Il faut s’abriter ». N’oublie pas. Je t’en prie. *pause* N’oublie pas mon frère. Va. Adieu …
 
En se retournant une dernière fois, la rouquine regarda son frère en réprimant une larme. Elle ne voulait pas le voir paniquer dans les flammes. Elle savait qu’il trouverait un moyen de partir plus rapidement s’il n’avait pas à chercher du regard Petite Anémone. En larmes, elle zigzaguait entre les buissons qui prenaient feu, cherchant une solution pour partir le plus vite possible. 

 
 
Nuage de l’Anémone sort du camp pour aller faire sa marche mélancolique comme elle en a l’habitude depuis qu’elle est apprentie, ce qui est arrivé il y a moins d’une lune. Elle était à présent une apprentie du clan des Marais, depuis plus de 5 lunes déjà. Elle était intégrée et heureuse de l’être. Seul son frère et sa famille disparue hantaient encore ses pensées. C’est pour ça qu’elle était là, pour tenter de voir son frère, quelque part, n’importe où.
Seulement, un félin récemment arrivé dans le clan lui rappelait horriblement son frère. Nuage Ténébreux qu’il s’appelait. Petits Ténèbres, Nuage Ténébreux, vous voyez où elle voulait en venir. Et surtout, les yeux de cet apprenti du même âge qu’elle. Bleu profond, bleu océan. Ils étaient tellement semblables à ceux qui, jadis, rassurait la chatonne rousse quand elle était petite. Tellement de détails qui la faisaient douter. Mais un jour, elle osera le questionner, ce qu’elle n’avait jamais fait jusqu’alors. « Les Flammes arrivent. Il faut s’abriter. »