Tôt ce matin je m'étais levée. J'avais longuement observé le camp avant d'enfin m'activer dans cette matinée assez chaleureuse je dois l'avouer. J'aimais pourtant le temps glacial lorsqu'il vous coupe le souffle quand vous sortez de votre chaude et douillette tanière. J'aime ce temps où les averses de pluie et de neige se font nombreuses. J'aimais le froid, le temps mauvais, le temps de chien comme on disait. J'appréciais la négativité et malheureusement, personne ne le comprenait. Personne ne comprenait ce que je ressentais de toute façon puisque d'après eux, je n'ai pas de sentiments. Je crois bien qu'ils sont juste aveugles, simplement. Qu'ils ne peuvent pas voir le monde autrement qu'avec la paix et l'amour. Tout ce que je voudrais, c'est un peu d'action dans cette putain de forêt. Depuis le "nouveau départ" il ne s'était rien passé. Personne n'était réellement informé de la vie d'avant mais tout le monde aimerait pourtant y retourner. Et bien justement, c'est ce que nous aimerions tous faire : la guerre. C'est pourtant ce que tout le monde renie habituellement. Mais l'ennui était tel... Personne ne voulait plus préserver cette paix que nos ancêtres nous ont tant obligé d'appliquer. Tout ce que nous voulions nous, membre de cette nouvelle forêt, c'était un peu d'action, une véritable guerre quoi. Quelque chose qui nous bougerait un peu, un peu d'animation quoi. Je pense que ce n'était pas trop demandé. Et puis avec toute cette paix et cet ennui les guerriers allaient finir par se battre sans raison valable, cherchant maintes conflits pour avoir un peu d'effet dans leur vie de tous les jours, dans leur pénible quotidien si peu mouvementé. Tout ce que cherchait notre génération, c'était un événement qui comblerait cette ennui, qui l'enterrerait même pour toujours et qui aurait rassasié notre soif d'action.

J'avais besoin de me changer les idées et d'aller me promener pour oublier cet ennui incroyablement grand et long. Tous les chats s'ennuyaient à mourir. La pile de gibier était pleine alors que tous étaient rassasiés déjà, les apprentis avaient de l'avance sur leurs entraînements pour la plupart et personne n'avait rien à faire puisque le camp était impeccablement propre et rangé. Seul quelques chatons auraient pu y mettre du désordre. Malheureusement, ils étaient bien fourrés dans la pouponnière. Je me rendis donc à l'évidence : il n'y avait rien à faire et cela durerait pendant toute la journée sûrement. Sortant du camp, je me rendis compte que le soleil brillait. Il était maintenant midi. Je me rendis donc en territoire libre dans l'espoir de rencontrer quelqu'un ou de trouver quelque chose de plus intéressant à faire que de glander sans rien dire, sans bouger et sans penser à quelque chose de passionnant. J'étais en bas d'une pente et la flemme m'envahit lorsque l'idée de la grimper me prit. Je restais donc assise en bas de cette pente et j'attendais, comme à mon habitude. Le soleil commençait à se couvrir. Justement, c'est ce que j'avais attendu depuis pas mal de temps ! Enfin le ciel allait devenir gris et ces gros nuages allaient camoufler cette couleur azur qui m'écœurait. Seulement ma joie ne dura pas longtemps puisque quelqu'un déboula la pente et me renversa. J'avais roulé un peu avant de m'être levée quelque peu après. Je crois même que j'avais craché et sifflé sur la personne qui m'avait "agressé". « Aïe ! » Lança une voix, celle d'une jeune femelle à en entendre le son. « Euh... Pardon, j'ai glissé de la pente et je suis tombée sur vous... Encore désolée... » Je ne pouvais pas lui en vouloir beaucoup puisque cet accident était involontaire mais j'avais quand-même un peu de rancune envers la jeune femelle. Il faut dire que j'avais été surprise. Une fine pluie commençait tout juste à tomber. Ce temps me ravit et j'oubliai bien vite cet incident. « Bonjour. Ce n'est pas grave. Fais attention la prochaine fois par contre... Tu m'as bien fait peur. » C'est vrai que l'apprentie m'avait pris par surprise en déboulant la pente ainsi. J'espérais qu'elle n'avait rien et je me rendis bien vite compte que non, elle allait plutôt bien même. Aucune égratignure si blessure assez distincte. J'en conclus rapidement que la petite n'avait rien. Son parfum dégageait celui du Clan des Herbes, je le reconnu bien vite. « Je suis Averse Grisâtre, une guerrière du Clan des Marais. Et toi, quel est ton nom ? »