Se battre, ça sert à rien quand
on ne sait pas se battre...
PV. Feuille d'Automne

« Pourquoi on se bat ? Franchement, je trouve ça stupide. Mais bon, quand on est une guerrière, c'est bien pour se battre, non ? Il faut bien assurer ses fonctions. Mais quelques fois, je me demande à quoi ça sert. A défendre son territoire, d'accord. Défendre ses idées, ça passe encore. Se défendre, c'est souvent nécessaire. Mais se battre pour assurer ses fonctions, c'est tout de même étrange. Mais bon, une petite bagarre de temps en temps, c'est amusant... Sauf quand on se fait massacrer, bien sûr. »

La mauvaise sera bientôt là. Je le sens. L'air se rafraîchie, les feuilles tombent de plus en plus, et maintenant, le sol de la forêt est couvert de feuilles jaunes, oranges, rouges, et parfois, marron. La nature est magnifique comme ça, mais malheureusement, la beauté ne veut pas dire la bonne santé. Déjà, plusieurs membres de mon clan sont malades. Comme moi. Et ça traine. C'est dangereux. La maladie pourrait empiré d'un seul coup, et je pourrais mourir d'un coup. Mais il ne vaut mieux pas y penser.
Je patrouillais le long de la frontière avec le Clan des Éclairs. Elle était calme, pour une fois, et ne je ne remarquai aucune trace qui put indiquer une quelconque  intrusion sur mon territoire. Jusqu'à un chêne. Là, je repérai la trace d'une guerrière ennemie. Je la suivit, mais malheureusement, lorsque je la repéra, je toussa, ce qui me trahi. Je bondis tout de même sur la femelle, pas pour me battre, mais plutôt en espérant l'effrayer. Je tentai de la clouer au sol, mais il faut bien dire que je ne suis pas très forte. En la maintenant au sol, je feulai :

« T'as pas l'impression d'être sur mon territoire ?! »

La femelle que j'avais cloué au sol était une belle chatte écaille de tortue.

| T'inquiète, c'est pas grave ! ^^ |

« D'accord, je suis pas douée. Je ne sais pas me battre. Mais bon, je suis une reine, pas une guerrière assoiffée de sang ! J'ai reçu mon nom de guerrière, parce que je suis une bonne chasseuse, et pas parce que je suis une bonne guerrière. N'empêche, être douée, ça aide de temps en temps... »

La femelle écaille me pris à revers et se glissa sous moi, avant de se retourner et de me clouer au sol. J'étais piégée. Je ne savais pas quoi faire. La peur me pris, mais soudain, une idée me traversa l'esprit. Tous les chats avaient peur de quelque chose... Et pourquoi pas de ma maladie ? Je pris donc sur moi-même, et toussa avec force, ce qui était très peu élégant. La chatte sembla être déstabilisé, et je me glissai sous elle à mon tour, puis me retournai, et crachai sur la guerrière ennemi au pelage tacheté. J'étais fière de mon coup, bien que ce ne soit pas très classe, et pas très guerrier surtout... Mais bon, j'avais trouvé une nouvelle arme ! Et personne n'aimait qu'on lui tousse au museau. Je découvris mes crocs, menaçante :

« Alors, que fais-tu ici ?! »

Voyant qu'elle ne répondait pas, j'étais tenté de la plaquer une nouvelle fois au sol, mais c'était risqué. Je n'étais pas tellement forte, et n'arriverais sûrement pas à la maintenir assez longtemps... L'attaquer rapidement était plus simple. Beaucoup de petites attaques était fatiguant, certes, mais aussi efficace et moins risqué qu'un plaquage au sol et un bon coup de crocs.

« Je ne répèterai pas ma question ! Que fais-tu ici ?! »

Je bouillonnais de rage. Comment osait-elle entrer sur le territoire de mon clan ? Elle faisait comme si elle était chez elle. Quelle ingrate !

« Les origines, ça fait mal. Surtout quand elles sont... Comment dire ? Mauvaises. Quand elles sont "impures". Ça fait mal d'être rejetée, haïe, méprisée, à cause de ces fichues origines. C'est débile, hein ? On juge par les actes, pas par le passé. Mais beaucoup de chats résonnent comme ça, malheureusement. C'est ainsi. »

La réaction de la chatte en face de moi m'étonna et me déstabilisa : elle s'assit, et dit d'une voix triste :

« Je m'appelle Feuille d'Automne. , ma mère était à moitié chat de clan et chat domestique.Je n'ai jamais connu mon père qui était un chat errant... J'avais aussi un frère, mais le mal vert l'a emporter avec ma mère alors que je n'avais que 7 lunes... »

Les origines, ça faisaient mal parfois. Moi, tout mon clan connaissait mes origines : à moitié Océans, à moitié Herbes. Ma mère fut puni par la mort. Pas la peine de me faire un topo là-dessus, je connaissait déjà le rayon. Ses yeux s'embuèrent, mais moi, je restais ferme et ne broncha pas. Je n'allais pas m'attrister sur son sort. J'avais déjà subi pire.

« Tout mon clan me rejette, même mon mentor ne m'a jamais considéré comme son apprentie... La plupart des techniques que je sais, je les ai apprise de moi-même.
Je n'ai aucun ami, et je ne me sent pas en sécurité dans mon propre clan ! »

J'ai connu ça aussi, ne t'en fais pas. Mais je ne me suis jamais plainte. Je me suis toujours remise en question. Le passé s'effaçait peu à peu dans la mémoire des chats de mon clan. Maintenant, je vivais seule, comme j'avais toujours vécu, et ça ne me dérangeait pas. J'aimais bien la solitude, bien que cette compagnie ne soit pas la meilleure. Et la chatte, elle, pleurait, s’apitoyant sur son sort, ne voulant pas sortir du trou.

« Si je suis ici, c'est à cause de deux jeunes guerriers!
Ils m'ont menacée de dire aux autres clans que je n'étais qu'une bâtarde si je n'allais pas sur votre territoire! Si ils le disaient, c'était la fin de ma vie dans le clan...
Je n'ai pas de mauvaises intentions, tous ce que je veux c'est pouvoir prouver que je suis digne d'être une guerrière. »

La bonne blague ! Dans mon clan, tout le monde connaissait mes origines ! Je m'en fichais éperdument ! Je n'avais pas été chassé, puisque c'était ma mère qui était en faute.
Pas de mauvaises intentions, je pouvais comprendre. Mais de toutes manières, ces deux guerriers dont elle parlait la dénonceront.
Et elle continuait de pleurer.

« Ne me donne pas de leçon sur les origines. J'ai moi aussi un sang soit disant "impur", et pourtant, je ne m’apitoie pas sur mon sort. Ma mère est morte. J'ai toujours vécu seule, et je n'en fais pas un drame. Ça fait souffrir mais c'est comme ça. »

Je me demandai qu'elle âge elle avait, pour être aussi fragile. Elle devait être jeune. Peut-être, plus jeune que moi.

"Parfois, il vaut mieux se taire que de dire des choses qui ensuite se retourneront contre vous..."
« Ne me donne pas de leçon sur les origines. J'ai moi aussi un sang soit disant "impur", et pourtant, je ne m’apitoie pas sur mon sort. Ma mère est morte. J'ai toujours vécu seule, et je n'en fais pas un drame. Ça fait souffrir mais c'est comme ça. »
Je n'étais pas surprise, la solitude ça ne me gênait pas!Ce qui me faisait souffrir, c'était qu'on me martyrisait et que mon existence, que je m'étais efforcée de construire malgré mes difficultés à m'adapter, menaçait de s'écrouler à tout moment...
"Si je résonnais comme toi, il y a bien longtemps que je ne souffrirais plus. Mais je ne veux pas devenir une pierre gelée, incapable de la moindre compassion, du moindre élan d'affection ou de gentillesse!Moi, je ne m'enferme pas dans une bulle qui me coupe du reste du monde, je vie malgré ma douleur!Si je te dis ça c'est parce qu'une vie comme ça, pour moi ce n'est pas une vie. C'est une demi-vie."
Je m'étais redressée, j'étais maintenant debout et je la dominais. Elle restait peut-être de marbre, mais ,dans ses yeux, je vis un éclair de doute, de tristesse et de peur de ce qui allait arriver...

Spoiler:

« La douceur. Je la connaissais elle aussi. C'était l'émotion la mieux pour moi. J'étais douce avec les chatons. Avec les jeunes apprentis aussi. C'est bien pour ça que je veux servir le clan en leur donnant de beaux chatons, que je câline jusqu'à leur apprentissage. J'aurais aimé avoir une mère qui aurait été douce avec moi. Rivière Gelée, ma mère adoptive, a été gentille avec moi. Mais ce n'était pas la même chose. »

« Si je résonnais comme toi, il y a bien longtemps que je ne souffrirais plus. Mais je ne veux pas devenir une pierre gelée, incapable de la moindre compassion, du moindre élan d'affection ou de gentillesse ! Moi, je ne m'enferme pas dans une bulle qui me coupe du reste du monde, je vie malgré ma douleur ! Si je te dis ça c'est parce qu'une vie comme ça, pour moi ce n'est pas une vie. C'est une demi-vie. »

Qu'insinuait-elle ? Que j'étais dénudé de sentiments, d'émotions ? C'était les autres qui n'avaient pas toujours était tendre avec moi. J'étais allé vers eux, plus d'une fois, mais j'avais abandonné rapidement. J'étais méprisée. Pourtant, j'aimais son clan. Je traiterais avec douceur n'importe quel chaton, même si ce n'était pas le mien. Je ne voudrais pas qu'aucun chaton ne vive ce que j'ai vécu.

« Tu insinues que je n'ai pas de sentiments ? Que je n'aime personne ? Je n'ai pas dit que je n'aimais personne, bien au contraire. Mais lorsqu'on est rejetée par quelqu'un, en général, on est seul. »

Ma voix n'avait ne semblait ni douce, ni brutal. Neutre. La chatte en face de moi me dominait, mais je restais assise, lasse. J'aurais bien pu la renvoyer chez elle à coup de griffes, mais je n'en avais pas envie. Cette chatte ne semblait que s'intéresser qu'a son propre malheur. C'est elle, qui n'avait pas de sentiments.