♣ Cherokeepaw & Funeralstar
« you got to get up and try, try, try... »

La vie est une falaise abrupte, presque insurmontable. La pierre et dure, tranchante, glissante. Le ciel s’élève au-dessus de ta tête, seule motivation te permettant d’avancer. En bas, l’océan déchainé. En haut, les cieux. Partout, la mort te scrute. Plusieurs chemins tout aussi escarpés s’offrent à toi. Tu dois faire des choix, trouver le meilleur. La pente est raide. Chaque pas demande des efforts considérables. Chaque erreur est une déchirure. Il suffit de trébucher pour glisser. Il suffit de s’arrêter pour sombrer. Sans pouvoir ensuite se relever. Alors il faut s’accrocher.
Ma détermination fondit comme neige au soleil. Je venais à peine de quitter mon antre, lorsqu’un éclair orangé attira mon attention. Nuage de Cherokee se tenait devant la tanière des apprentis. Sa fourrure rousse brillait d’un éclat incomparable sous le soleil matinal. Impossible de ne pas la voir. Elle étincelait comme un feu-follet, et la couleur de ses poils était plus intense que les pelages sombres, gris ou noir, de certains membres du Clan. Moins discret, certes, mais splendide. Sa beauté était toutefois ternie par son sourire triste, empli de chagrin et de lassitude. Prenant mon courage à deux pattes, je m’approchais d’elle. Cherokee m’impressionnait-elle ? Je ne saurais le dire. Je n’y avais jamais réfléchi. Il serait peut-être temps de reconsidérer les choses, et d’apprendre à mieux la connaître, non ? Un mur s’étendait entre nous, mais il n’était pas indestructible. Une barrière nous séparait, mais elle n’était pas infranchissable. « Nuage de Cherokee... » chuchotais-je, une fois assez proche d’elle pour que l’apprentie m’entende.
C’était la première fois que j’osais lui faire face depuis l’Assemblée où tout avait basculé. Je ne savais pas comment m’excuser. Je ne savais pas comment oublier le mal que je lui avais fait. Je ne savais pas comment me faire pardonner. Était-ce encore possible ? J’avais vu ses larmes, j’avais vu sa profonde douleur. Je n’étais pas venue la soutenir, car sur le moment, ce n’était pas ma place. Nuage Ténébreux était resté à ses côtés, heureusement. J’avais préféré les ignorer, ayant d’autres problèmes en tête. J’avais préféré repousser le moment où je devrais en parler avec Nuage de Cherokee. Cet instant, je ne pouvais pas l’éviter indéfiniment. La jeune femelle rousse était désormais mon apprentie, et je voulais lui prouver que j’étais aussi compétente que Valse Temporelle. Que j’avais un cœur, que je pouvais l’aimer, même si je ne remplacerais jamais son premier mentor. Je cherchais le regard de Cherokee, au lieu de le fuir. Je voulus faire transparaître dans mes yeux et dans ma voix toutes les émotions que j’éprouvais, toute la rancune, tous les remords, toutes les déceptions. Et tout l’amour que j’avais à lui donner. « Je suis vraiment désolée. » murmurais-je d’un ton rauque. Cherokee comprendrait de quoi je voulais parler. Je ne savais pas quoi ajouter, quoi préciser. C’était inutile, finalement. Les mots étaient impuissants. Seul le temps pourrait refermer les blessures toujours à vif dans nos poitrines.