Un jour, on rencontre quelqu'un qui nous fait changer à jamais. Quand on pleure, nos larmes portent sa marque. Lorsque l'on rit, le tintement s'estompe avec sa voix. Quand l'on vit, sa mort vient se lier à notre existence, doucement, mortellement. On est alors liés par la terreur qui nous enchaîne. À jamais.

J'ai quelqu'un qui me manque, au fond de moi. Il y a un vide qui se creuse, qui ressemble à l'abîme au fond des océans. Il est profond, trop sûrement. Je n'ose m'y aventurer. Je crois qu'il faut que je fasse le deuil, mais de qui ? D'elle ? Elle ne m'a jamais rien apporté, rien donné. Juste la vie qui me porte ici-bas, qui me maintient tant bien que mal sur cette foutue planète bleue. Je ne peux pas dire que c'est un don du ciel.
C'était ma génitrice, pas ma mère. Je trouve que lui donner une place est déjà bien, elle n'en mérite pas autant. J'ai envie qu'elle se retourne dans sa tombe en voyant ce que je suis devenue : Importante. Elle qui disait que j'allais mourir jeune, que je n'étais pas assez forte... Pathétique. Je suis fière de ce que je suis, au contraire de ce qu'elle a été. C'était une vieille commère, rien de plus.

Je suis où ? Je ne sais pas, et je m'en fiche. J'ai envie de crier. Ma haine, ma hargne, ma rage, ma douleur. Mon envie de vivre, même si la mort me tend les bras. Et voilà que je pleure, c'est étrange.
- Je suis puissante, j'ai hurlé.