Une chatte rousse dormait doucement dans une tanière aux senteurs herbeuses. Son souffle paisible brisait de temps en temps le silence qui s'était instauré dans sa tanière. Soudain, deux petites boules de poils noirs s'infiltrèrent dans sa tanière sans un bruit. Les deux chatons essayèrent de grimper sur un tas mais celui-ci s'écrasa au sol. Un bruit sonore retentit quand les deux chatons poussèrent un cri surpris. La guérisseuse se leva rapidement et compris tout de suite ce qu'il s'était passé. La féline accompagna les deux chenapans dans la pouponnière en les grondant méchamment. Ce n'était pas la première fois que ses deux jeunes félins faisaient cette bêtise immature. En revenant dans son antre, Groseille Sauvage se rendit compte des dégâts. Beaucoup de plantes qui étaient désormais abimées ne pourraient plus servir. La chatte brune se dépêcha de mettre en tas distinct toutes les plantes utilisables. À côté des petits tas, la soigneuse fit un gros tas des plantes qu'elle jetterait ensuite. Il n'y avait dedans que des végétaux abimés qui ne pourraient plus servir. La rouquine prit toutes les plantes inutilisables et les enterra en dehors du camp. En revenant, la chatte regarda les plantes qu'ils manquaient désormais beaucoup.
 
- Du pas-d'âne, de la grande camomille et du cerfeuil, récita-t-elle doucement en voyant les trois tas presque vides.
 
Avec un soupir exagéré, la guérisseuse fit sa toilette en quelques coups de langue puis sortit du camp sans manger ne serait-ce qu'une seule proie. Sentant le vent sur sa fourrure courte, Groseille Sauvage se décida courir. La soigneuse aimait beaucoup sentir le vent sur son corps et l'herbe sous ses pattes. Elle aimait aussi voir la lande défiler devant ses yeux. La féline aperçut soudain le Champ des Coquelicots. La femelle trouverait sûrement du pas-d'âne et de la grande camomille, ici ! Pour le cerfeuil, la féline devrait sûrement s'approcher de la frontière avec le Clan des Eclairs. Cette plante poussait plus souvent dans la forêt que dans la lande. Rapidement et avec une patte experte, la guérisseuse découpa les fleurs du pas-d'âne qu'elle venait de trouver. Elle fit rapidement un tas. Ensuite, la féline prit tout dans sa gueule et s'aventura un peu plus loin. Comme elle le pensait, la guérisseuse arriva à trouver de la grande camomille. Avec ses crocs, Groseille Sauvage réussit à ramasser un bon tas de ce remède. Elle eut beau chercher, elle ne trouva ensuite pas la moindre trace de cerfeuil. La chatte rousse s'apprêtait à rentrer au camp quand elle sentit soudain l'odeur du Clan des Océans. C'était une femelle qui avait franchi la frontière. Malheureusement, avec ses remèdes dans la bouche, la chatte rousse ne parvint pas à identifier l'autre chatte. Ce n'est que quand la féline ennemie s'approcha que Groseille Sauvage comprit pourquoi cette odeur lui était familière.
 
- Bonjour Rose Poétique ! Quel bon vent t'amène ici ? dit la guérisseuse d'une voix chaleureuse.

Rose Poétique sortit de sa tanière et s'étira. Elle sortait d'une nuit difficile, un chaton avait mangé quelque chose. Personne ne savait quoi, le clan avait passé une bonne partie de la nuit a chercher quoi, tandis que la guérisseuse tentait d'apaiser les maux de ventre du petit et l'anxiété des parents.
Tout c'était bien terminé, le petit allait bien, personne n'avait beaucoup dormi, mais tout était rentré dans l'ordre.
Rose Poétique était un peu fatiguée, elle bailla, et décida de sortir pour se dégourdir les pattes et se réveiller un peu. Elle laissa son apprentie dormir, c'était sa première nuit difficile.
Rose Poétique marcha il fallait qu'elle change d'air, elle décida de s'aventurer sur un autre territoire que le sien. Sans être vraiment autorisé, ce n'était pas non plus des plus dérangeant, une guérisseuse est pacifique.
Elle ramassa au passage sur son territoire quelque brins de menthe aquatique pour les maux de ventre afin de l'offrir à Groseille Sauvage pour donner une raison à son intrusion.
Elle tomba justement sur l’intéressée,




La guérisseuse des Océans déposa sa menthe à ses pattes afin de lui répondre

Ce n'est que quand la féline grise s'approcha que la guérisseuse rousse vit qu'elle tenait de la menthe. La chatte brune afficha une mine réjouis. Elle n'en avait presque plus. Avec un peu de chance, toute cette menthe serait pour elle. Cela s'avéra juste, car la guérisseuse du Clan des Océans posa les remèdes au pied de celle des Herbes. Elle miaula ensuite tranquillement.

-Bonjour, j'ai juste une envie de changer d'air. J'en ai profité pour t'apporter ceci.

Groseille Sauvage sourit à l'autre guérisseuse. Celle-ci avait dû faire un bout de chemin pour aller de son camp à ce territoire. Elle devait sûrement être très fatiguée. Elle prit rapidement les remèdes et les mit à côté des autres remèdes qu'elle venait de ramasser. Elle eut soudain une idée. Elle prit de la camomille et le mit devant Rose Poétique. Elle miaula ensuite d'une voix plutôt sympathique ainsi qu'assez chaleureuse.

- Merci, Rose Poétique. D'ailleurs, veux-tu un peu de camomille. J'en ai plus qu'il ne m'en faut.

Groseille Sauvage attendit la réponse de sa camarade. En attendant, elle réfléchit mentalement aux plantes qu'ils manquaient encore beaucoup dans son antre. Il y avait bien sûr le cerfeuil qu'elle n'avait pas encore trouvé mais aussi de la bourache et de la tanaisie. La chatte rousse pourrait en cueillir le lendemain, peu de reines étaient enceintes et la toux n'arriverait que dans de longues lunes.

Groseille Sauvage affichait une mine réjouit, la menthe aquatique ne poussait pas en abondance sur son territoire, et tout don devait être bon à prendre. La chatte grise était heureuse de faire plaisir, d'autant plus que pour elle, les guérisseurs devaient rester en dehors des conflits et s'entraider pour le bien de tous. La guérisseuse de l'herbe semblait du même avis, elle accueillait toujours la guérisseuse de l'océan le plus aimablement du monde, mais les déplacements n'étaient pas non plus si courant que ça, le travail ne permettait pas de se promener.






C'était adorable de sa part, effectivement sans un besoin urgent d'aller en chercher, il n'en restait pas énormément dans son antre.