Je ne sais plus vraiment qui je suis, ni d'où je viens. Toujours ces mêmes questions qui me hantent sans cesse. Je n'arrêterais jamais de douter de moi, je n'arriverais jamais à trouver le bon toi. Je n'arriverais jamais à te trouver, tout simplement. Je ne fais que te chercher toi, l'amour, sans ne jamais rien trouver. Mes recheches sont vaines, je ne fais que pleurer ma peine. Vais-je finir par trouver une raison de vivre ou alors je devrais continuer de ramer en restant ivre, ivre de ne pas t'obtenir. Je n'arrivais pas à me sortir cette idée de la tête, je ne parvenais pas à oublier cette envie de fête. C'est mon coeur qui parlait mais jamais personne ne le croyait. Je me sentais mal. C'était impossible... impossible... IMPOSSIBLE ! Je vais craquer. Je tourne en rond. Je ne sais pas ce que je fais, ni ce que je veux. Je suis simplement complètement perdu. J'errais ici, toujours aussi paumé. Quelqu'un apparut. C'était une jeune femelle entièrement blanche provenant du Clan des Herbes à son odeur. « Bonsoir. » Oui, bonsoir. Il faisait parfaitement nuit et je m'étais enfui. Cette plage était illuminée par la lune, reflétant sur le sol toutes les dunes. Je ne savais pas ce qui m'a prit. J'étais parti, je m'étais enfui. Qu'allais-je faire ? Je n'étais certain de rien, je ne savais pas ce qui était pour mon bien.

Etoile du Présage & Colline Céleste

Spoiler:

La jeune femelle était blanche comme la neige et ses yeux ambres scrutaient les alentours. Sa peur se sentait fortement, comme celle d'un enfant. Elle paniquait, je le sentais. À son odeur, elle appartenait au Clan des Herbes, un Clan doué pour être rapide. J'avais l'impression qu'elle ne me remarquait pas puisqu'elle ne me regardait pas complètement, son regard était un peu perdu et ne me fixait pas moi, mais derrière. « Qu... Qui êtes-vous ? Vous êtes un chat du clan des Océans. Je suis Colline Céleste... » La femelle paraissait vraiment hésitante, comme si elle me cherchait, si c'était seulement moi qu'elle cherchait. Puis elle s'assit doucement et baissa sa tête, comme honteuse avant d'avouer ce qui l'handicapait. « Je suis aveugle. » Je comprenais donc mieux beaucoup de choses qui m'intriguaient. Quel triste destin pour une jeune femelle comme cette membre du Clan des Herbes. « Je suis navré, je l'ignorais. Je suis Nuage Esseulé, apprenti du Clan des Nuages. » Je m'avançais un peu vers elle, hésitant à mon tour. Enfin je me décidais à m'approcher de l'inconnue prénommée Colline Céleste et je m'assis doucement. Ses yeux étaient comme voilés. C'était assez perturbant je dois l'avouer. « Sans indiscrétion, est-ce que ton handicap fait de toi quelqu'un de rejeté ? » Ma question avait sûrement été vexante, mais elle n'était pas censée l'être. Je voulais juste savoir si j'étais le seul dans un cas d'abandon ou bien si d'autres personnes étaient aussi rejetées ainsi.

Colline Céleste ne s'était pas faite prier pour répondre puisqu'elle déclara rapidement « Cela ne me gêne pas. Je suis parfaitement rejetée. Je ne sais pas ce qui les retient de me jeter dehors. Je ne sais même pas à quoi ressemblent les couleurs, je ne sais pas me repérer. » sans toutefois paraître satisfaite. La femelle blanche se dandinait en passant d'une patte à l'autre. Elle était visiblement assez mal à l'aise. Colline Céleste avait doucement baissé la tête. Elle n'était pas bête, loin de là. La pauvre guerrière aussi était rejetée elle aussi. Je me demandais comment est-ce qu'elle avait pu se débrouiller pour apprendre les bases de l'apprentissage chez elle. Être aveugle c'est handicapant, surtout lorsque l'on doit défendre son Clan au péril de sa vie, combattre et surtout chasser pour le Clan. J'avais pitié de la femelle pour tout vous avouer. Mais je savais que ce sentiment vexerait profondément Colline Céleste si je lui en faisais part. Les chats en difficulté détestaient qu'on ai pitié d'eux. Ils se sentaient faibles après. Je n'avais donc fait aucune remarque là-dessus puisque je savais pertinemment que la guerrière du Clan des Herbes se sentirait encore plus mal qu'elle ne l'était déjà. J'étais assis en face d'elle et je la fixais sans mot dire. Soudainement la femelle blanche releva la tête. « À quoi ressembles-tu ? Comment sont les couleurs ? » Cette question me brusqua. Elle était si... étrange. Comment pouvait-on décrire les couleurs et le physique d'une personne à quelqu'un qui n'avait jamais rien vu d'autre que du noir. Le même qui se trouve dans les ténèbres, le même qui hante la plus profonde des grottes. C'était impossible. « Je, euh.. Je ne sais pas, vraiment pas. Tout ce que je peux voir, c'est que tu es blanches comme la lumière, comme le contraire du noir, ce que tu vois. Tu es de la même couleur que la neige. Tes yeux... ils sont de la même couleur que le sable. Je ne répondrais peut-être pas à ta question mais j'ai essayé de te décrire les couleurs. Après moi, ce serait trop dur puisque je suis de plusieurs teintes. » C'était troublant mais au moins j'avais essayé. Elle ne comprendrait peut-être pas mais j'avais fait mon possible. C'était trop compliqué à décrire toutes ces choses qui nous entouraient chaque jour quotidiennement et auxquelles on ne fait jamais attention. Même la chose la plus banale peut devenir formidable aux yeux d'autres personnes. Nous n'avions pas tous la même notion de la valeur des choses alors nous ne pouvions pas en vouloir aux autres.

La femelle me fixait de ses yeux ambres. Son pelage blanc soyeux s'agitait au gré du vent, provoquant des ondulations sur son corps de guerrière. Elle avait l'air plus faible que la plupart des guerriers. Peut-être que c'était parce qu'elle était moins bien entraîné ou alors qu'elle pratiquait moins d'exercices que les autres membres de son Clan. En même temps cela pouvait se comprendre : elle était aveugle. Je n'osais même pas imaginer toutes les difficultés que la femelle avait pour chasser ou encore pire, pour combattre. Cela devait être affreusement difficile pour elle. Je ne pouvais pas me mettre à la place de cette pauvre chatte mais je supposais que c'était quelque chose d'horrible de ne voir que du noir à longueur de journées, de ne pas pouvoir admirer une autre couleur que celle des ténèbres. « Je ne savais pas que j'étais blanche, personne ne me dit rien. » C'est bien ce que je disais. Personne ne la comprenait, personne ne l'acceptait. Personne ne pouvait se mettre à sa place quelques instants et imaginer ce qu'elle endurait chaque jour, ce qu'elle devait supporter au quotidien. Personne ne pouvait comprendre sa souffrance, personne ne pouvait supporter la douleur qu'elle avait comme elle le faisait, comme elle l'avait toujours fait. Personne ne pouvait imaginer ce que c'était que de souffrir à un tel point, personne ne pouvait s'imaginer ce que serait sa fin. Pas même elle. Elle ne verrait que du noir, sans cesse. Jamais une seule clarté de couleur elle pourrait admirer, jamais quelqu'un ne viendra la lui montrer. Tout ce qu'elle pouvait observer, c'était ce noir, cette couleur si froide, cette couleur si sombre, cette couleur si triste, qui n'a pas de sentiment, qui fait forte impression. Finalement le noir ce n'est rien, rien que quelque chose de vide. C'est juste le néant le noir. Le noir, c'est le vide, le noir c'est le mal. Le noir, c'est quelque chose qui ne devrait pas exister, que l'on ne pourrait même pas regarder. « Pourquoi m'as-tu posé cette question au fait ? Tu te sens rejeté toi aussi ? Je suis incollable sur la question. »  Tout ne faisait que se confirmer. Le fait qu'elle soit rejetée, qu'elle soit comme abandonnée. J'étais dans le même cas qu'elle mais pas totalement. J'avais du mal à m'imaginer à sa place, dans ses souffrances, dans toutes ses peines. C'était trop compliqué. Ce que je subissais moi quotidiennement, ce n'était sans doute rien par rapport à ce que la femelle devait endurer. Je préférais ne pas me plaindre au risque de la faire fuir, agacée par tant d'exagération. Je n'étais pas du genre à me lamenter et elle allait bien vite le comprendre.  « Je ne sais pas, peut-être parce que je suis... différent ? Toi aussi tu es différente. Différente d'eux tous je veux dire. Mais toi au moins tu l'es dans le bon sens. » Je ne savais pas vraiment ce qui pouvait justifier toutes ces paroles, je l'ignorais complètement même.  Je ne savais pas pourquoi j'avais dit ça. Peut-être parce que c'était tout simplement la vérité et que je n('aimais pas vraiment la nier cette vérité. Je n'aimais pas ne pas accepter toute cette réalité, je n'aimais pas refuser ce que l'on m'avait donné, pas ce que nos ancêtres m'avait offert en tout cas, je ne pourrais jamais leur refuser.